jeudi 20 juin 2013

La villa Majorelle



J'ai eut cette année l'occasion d'aller le temps d'un week end à Marrakech. J'ai pu y faire de nombreuses visites et découvertes, mais une en particulier, à suscité en moi un intérêt tout particulier : la Villa Majorelle.

À la base, rien ne laisse prévoir à la magie de cet endroit. On vous conseille sur les guides d'y aller faire une visite, pour y contempler parait-il les plantes et cactées incroyables du jardin botanique. Arrivé sur les lieux c'est encore pire : deux grands et robustes garde du corps se tiennent à l'entrée et fouillent successivement chaque visiteurs, l'entré n'est pas donnée et le bâtiment extérieur ne laisse à penser en aucun cas à un lieux extraordinaire.
Et pourtant, dés que l'on franchit le seuil, les yeux s'abaissent, les corps se détendent, le cerveau, la créativité se mettent a fonctionné ensemble, on palpite, on s'ébahit, on se prend pour un artiste, on réfléchit à nos prochaines oeuvres … bref on est bien arrivé sur les lieux.

Mais tout d'abord, des explications : qu'est ce que le jardin Majorelle ?

En 1923, Jacques Majorelle, peintre Français, achète une palmeraie en bordure de Marrakech. Il y fait construire en 1931 sa villa style Art déco d'une étonnante modernité, inspirée de Le Corbusier. Il y aménage son lieu de résidence au premier étage et installe au rez-de-chaussée un grand atelier pour peindre. Amoureux de la botanique, il créé son jardin autour de la villa. Ce jardin est une réelle oeuvre d'art vivante composée de plantes exotiques et d'espèces rares qu'il rapporte de ses voyages dans le monde entier : cactus, yuccas, nénuphars …
C'est en 1937 que le peintre fera ce qui sera le plus éponyme pour la villa : il créé un bleu outremer à la fois intense et clair, un bleu que l'on a jamais encore vu : le bleu Majorelle . Il recouvre de cette couleur tous les murs de la bâtisse, puis tout le jardin, pour en faire un tableau vivant, son oeuvre, qu'il ouvrira au public en 1947.

La bâtisse, le bleu, le mythe était créé. Merci Jacques ! Malheureusement le peintre disparaît assez tôt, suite à un accident de voiture en 1962.

Plantes, gravies et pigments azurs seront laissés à l'abandon pendant 4 ans.

Mais, et c'est là qu'arrive le deuxième élément le plus important de l'histoire du jardin, un couple visite le lieux et c'est le coup de foudre. Il s'agit là d'Yves Saint Laurent et Pierre Bergé qui décident immédiatement d'acquérir le lieux, le sauvant ainsi de l'avenir de complexe hôtelier dont il était malheureusement voué.
Il y vivront et s'y aimeront d'un amour fort et palpitant que l'on connait déjà tous. Oui, c'est aussi pour cela que l'endroit dégage autant de bonnes ondes magmatiques : il est hanté par le souffle d'un amour passionné et tendre.




Yves y créera toutes ses plus belles collections, en s'inspirant des femmes safranés qu'il observe le jour et la nuit. Il trouve ici l'endroit idéal pour créer : calme, inspirant, beau, libre.

Il dira «   Depuis de nombreuses années, je trouve dans le jardin Majorelle une source inépuisable d’inspiration et j’ai souvent rêvé à ses couleurs qui sont uniques ».

Des couleurs uniques, pas qu'un peu. C'est encore un rêve de graphiste que je vois sous mes yeux : quoi de plus excitant que de créer et identifier une couleur comme l'avait fais à l'époque Jacque Majorelle ? Le bleu Majorelle, fort d'identité, est aussi devenu par la suite une des couleurs far d'Yves Sain Laurent. On peut d'ailleurs trouvé dans le rayon de la marque en parfumerie des vernis de couleur « bleu majorelle », ce qui est à mon sens une belle manière de perpétuer d'une part le souvenir du couturier, et l'essence originelle de la marque.



Décédé le 1er juin 2008 à Paris, les cendres de Yves ont été dispersées dans la roseraie de la villa et un mémorial, a été construit dans le jardin ; les visiteurs peuvent ainsi se souvenir de lui et de son œuvre.

En allant dans la partie «  boutique  » de la villa, c'est encore une fois une surprise et un plaisir pour les yeux, surtout pour moi graphiste. Premièrement on découvre dans l'espace librairie une sélection de très beaux livres, mais surtout en s'avançant un peu plus loin, sont accrochés dessins et affiches réalisées par Yves.
Il y a dans ses compositions un style très singulier et sensible. A première vue il nous saute aux yeux à quel point l'orient a inspiré Yves dans ces travaux. Et encore une fois, voir de si belles images nous nourrit et nous donne envie de faire de même.





La villa Majorelle est finalement, je dirais, un endroit où tout créatif, qu'il soit au top de sa forme ou bien en période de mou, devrait passer. Le plaisir de voir et ressentir de si belles choses, d'être confronté à de si grands talents, de si belles histoires nous fait rêver, imaginer et créer.


...






dimanche 1 janvier 2012

La surprise Sherman



Propos du photographe David Seidner (décédé en 2000), ancien ami proche de Cindy Sherman :


 "Cindy est la personne la plus sensée et la plus gentille qui soit. D’une modestie totale, avec toute cette créativité qui passe dans son œuvre. Elle est calme, sérieuse, heureuse en ménage et efficace. Quand on la croise dans la rue on n’imaginerait jamais que c’est Cindy Sherman. Elle ne se fait pas remarquer, sa vie est presque un paravent pour son œuvre. Depuis le temps que je la connais, je l’ai toujours connu timide et réservée.".




Ce qui est touchant avec Cindy Sherman, et qui paradoxalement rend encore plus belle et sensé son oeuvre, c'est qu'en regardant tout son travail on s'attend à voir une artiste au look déjanté-féministe à la Orlan, et en fait, surprise, elle est très simple, l'américaine typique et féminine que l'on pourrait habituellement croiser.

Clowns, 2003-2004

Il s'agit là de clichés pris en numérique qui ont ainsi pu être retouchés par la suite. Cindy Sherman ajoute par la suite en arrière plan divers fond colorés. Le spectateur est directement confronté à une profusion de couleurs qui envoient directement un sentiment oppressant, une impression de terreur. 
La figure du clown dont s'est intéressée Sherman peut s'expliquer dans la notion de masque : le sourire forcé, l'hypocrisie de la société.





Hollywood/Hampton type, 2001


Cindy Sherman incarne dans cette série des "comédiens ratés ou tombés dans l'oubli posant pour des portraits afin de postuler pour un emploi". Le maquillage rend ces femmes usées, ridicules ...
Ce sujet est assez cruel mais la série reste néanmoins efficace. L'artiste soulève une fois de plus la question de l'apparence envers autrui dans notre société actuelle.








Cindy Sherman en couverture

OFFICE KILLER, 1997


Cindy Sherman continue dans le genre de l'horreur et sort en 1997 son premier film.
Le casting regroupe les actrices Jeanne Tripplehorn, Molly Ringwald et Carol Kane.
Le film tourne globalement autour de la question de la place de la femme dans la société.

Sex pictures, 1992, Cindy Sherman


Dans cette série, ce n'est pas sa personne que l'artiste photographie mais des mannequins de plastiques auxquels elle fait prendre différentes postures pour amener son sujet dans une dimension très sexuelle.
Les photographies de cette série sont pour la plus grandes majorités des représentations de femmes.
Elle joue avec les différents angles et postures des mannequins pour faire du corps de la femme un pur objet, réduite en un unique orifice.